Article Brik's L'IA dans le BTP

La démocratisation et le futur de l’IA dans le BTP

L’intelligence artificielle est de plus en plus présente dans le secteur du BTP. Maxime Thomas, responsable du cabinet de recrutement Briks a donné un webinaire accompagné de Geoffrey Guilly, CEO d’AItenders, Jean-Christophe Pierron, Co-fondateur de Vestack, Olivier Gabriel, Head of Data et Katia Bonfante, Talent Acquisition Manager chez WeMaintain ainsi que Karim Beddiar, Responsable Régional Recherche et Innovation du CESI à ce sujet. Découvrez dans cet article quelles sont les évolutions de l’Intelligence artificielle dans le BTP et comment elle transforme ce secteur.

Mais qu’est-ce que l’intelligence artificielle ? On entend ce terme très (trop) souvent, pourtant peu savent le définir.

L’intelligence artificielle ou I.A c’est “l’ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine”.

Aujourd’hui, on retrouve de l’intelligence artificielle partout dans le BTP, de la phase de faisabilité et conception, jusqu’à la phase de maintenance et d’exploitation en passant par la phase travaux. Mais cela n’a pas toujours été le cas.

L’IA : la réponse aux problématiques du secteur 

Le BTP est un secteur qui a mis un peu de temps avant d’entamer sa transformation digitale. Il y a à peine 10 ans, la modélisation numérique peinait à s’intégrer au secteur du bâtiment tandis qu’aujourd’hui, l’intelligence artificielle est utilisée à chaque étape de la création d’un ouvrage. 

Fortement impacté par la crise économique de 2009, le BTP a fait face à de nombreuses problématiques, notamment en termes de productivité, mais également liées aux changements climatiques. 

“Le secteur de la construction traverse depuis quelques années d’importants problèmes liés aux changements climatiques. C’est un secteur qui dégage énormément de CO2 à cause de son activité, ses matériaux, etc. et qui connaît également un changement sociétal important.”

Karim Beddiar, Responsable Régional Recherche et Innovation au CESI. 

C’est pourquoi, l’innovation et surtout la transformation digitale du secteur est devenue nécessaire afin de répondre aux différentes problématiques de celui-ci. 

En 2016, la reprise de l’activité du secteur a permis de relancer fortement la dynamique d’innovation dans le BTP. Encouragée par les pouvoirs publics qui ont mis en place de nombreuses mesures comme la Charte “Objectif BIM 2022” ou encore le plan de rénovation énergétique du bâtiment, l’innovation a pris une place de plus en plus importante dans le secteur, favorisant ainsi la transition énergétique. 

Aujourd’hui, la dynamisation de l’innovation dans le bâtiment va plus loin que la performance énergétique des ouvrages. 

“La grosse problématique qu’on avait, c’était le processus de réponse aux appels d’offres, car il y a énormément de data et énormément de problématiques qui se posent dans ce processus. La seule porte de sortie que j’ai trouvé, c’était de mettre un petit peu d’intelligence artificielle dedans, notamment pour gérer la tonne de data qu’on reçoit en appel d’offres. Tout commence là quand on reprend le cycle de vie d’une boite de BTP. 95 % de son chiffre d’affaires provient du processus de réponse aux appels d’offres. On se trompe sur une exigence ou un risque en période d’appel d’offres et ça influe sur la durée de vie du projet.”

Geoffrey Guilly, CEO d’AI Tenders

L’IA à chaque étape de la réalisation d’un ouvrage 

L’intelligence artificielle permet de faire de l’optimisation au sens large, que ce soit lors de la planification, du calcul des coûts, de la productivité, de la conception générative et même de la gestion des risques.

Ses applications dans le secteur sont nombreuses que ce soit de la phase de conception et de faisabilité jusqu’à la maintenance de bâtiments.  

Un certain nombre d’entreprises, en particulier des startups proposent de nouveaux outils de pour faire évoluer les métiers du BTP. On distingue aujourd’hui, 3 types d’innovations : 

  • De nouveaux procédés de construction et des matériaux innovants comme la startup Vestack qui utilise la robotique et l’intelligence artificielle pour améliorer leurs modes constructifs. 
  • Des outils de digitalisation et de collaboration. Comme AI Tenders. 
  • De nouveaux outils technologiques (Robotique, IoT, réalité virtuelle, etc.) comme WeMaintain qui a développé des outils technologiques, mais qui réalise aussi de la maintenance opérationnelle. Ce qui donne une certaine légitimité à la mise en place de leur outil grâce à leur connaissance du terrain. 

Pour en savoir plus sur les différentes applications de l’intelligence artificielle dans le BTP, retrouvez notre article à ce sujet ici

Le futur du BTP grâce à l’IA

“En réalité, la pénétration de l’intelligence artificielle dans le BTP est inévitable. C’est donc à la filière de s’adapter. Je ne crois pas que ça supprimera des emplois, ça va les faire “shifter”. C’est une opportunité de monter en compétences. Cela va permettre de féminiser des emplois en faisant baisser la pénibilité du travail et surtout permettre de faire monter en compétences des gens qui étaient peut-être d’un niveau opérateur et qui, demain, seront d’un niveau technicien ou technicien supérieur. Et c’est ça le progrès.”

Jean-Christophe Pierron, Co-fondateur de Vestack

Avec l’intensification de l’innovation dans ce secteur ces dernières années, le BTP est devenu un écosystème d’innovation spécifique au bâtiment. Comparable aux Fintechs (dans la finance, aux Medtechs (dans la santé), on peut aujourd’hui parler d’une réelle « Constructech ». 

Mais, la transition numérique du secteur est loin d’être terminée et il lui reste encore des challenges à relever.

Les défis à relever pour la diffusion de l’innovation dans le BTP 

Selon une étude menée par PwC, afin que l’innovation se perpétue dans le BTP, il va être nécessaire de faire face à 6 enjeux : 

  1. Le changement culturel : Si le BTP a bien un défaut, c’est sa difficulté à changer les processus existants. Afin que le secteur puisse continuer d’évoluer et d’aller toujours plus loin dans l’innovation, il est nécessaire qu’il y ait une évolution culturelle chez l’ensemble des acteurs du secteur. 

“Il y a très peu de prise de risque dans le milieu de la construction. Certaines pratiques sont là depuis toujours et pèsent sur la productivité.”

Karim Beddiar, Responsable Régional Recherche et Innovation du CESI

  1. La coordination entre les acteurs : L’innovation sera visible dans l’ensemble du secteur si tous les acteurs démontrent leur envie d’innover et surtout d’innover ensemble. Cette coordination entre les acteurs du BTP doit permettre à ce qu’il n’y ait pas de fossé qui se creuse entre privé et public, grands groupes et PME, État et collectivités. 
  1. L’évolution de la réglementation : Le BTP est un secteur historiquement très normé où la réglementation peut contraindre, mais également accélérer l’innovation (exemple : dans le domaine énergétique). Les évolutions de la réglementation doivent prendre en compte les produits et les services innovants. 
  1. La formation et le recrutement : Inclure le sujet de l’innovation dès la formation permet également de répondre à une problématique de recrutement de talents dans un secteur, parfois réputé trop traditionnel. 
  1. Le financement : Les financements sont cités à de nombreuses reprises comme un problème à l’émergence de la Constructech française : les fonds spécialisés y compris Corporate sont rares, les fonds classiques commencent à peine à s’intéresser au bâtiment et les grandes entreprises françaises ont beaucoup moins la culture du rachat de start-up que dans d’autres secteurs.
  1. L’industrialisation des procédés de construction : Certaines innovations, notamment en matière de méthodes, permettent d’envisager une ‘semi-industrialisation’ sur certains pans du projet de construction : c’est notamment le cas de la construction hors site, comme l’est Vestack par exemple. 

Les enjeux du Big Data 

Au-delà de ces challenges, Le Big Data tend à influencer le futur de l’innovation dans le secteur du BTP.  

Le Big Data ou données massives, désigne les ressources d’informations dont les caractéristiques en termes de volume, de vélocité et de variété imposent l’utilisation de technologies et de méthodes analytiques particulières pour générer de la valeur. Dans le BTP l’un des plus grands défis à venir en termes de data, en plus de la quantité de données émises, ce sera le partage les données entre les différents acteurs du secteur.

Puisqu’il permet de concilier les intérêts des citoyens, des clients, des consommateurs et des collaborateurs, le Big Data permet de créer de la valeur autour de 3 objectifs : 

  • Améliorer la productivité : en limitant les erreurs de conception, en prédisant des risques, en gérant les coûts, etc.
  • Répondre aux attentes des clients : en améliorant les performances énergétiques, en réalisant de la maintenance prédictive, etc.
  • Comprendre les tendances du secteur : en optimisant les choix en termes d’assureurs ou de fournisseurs, en adaptant l’offre selon la demande et les besoins du marché. 

Cependant, seulement 11 % des entreprises du BTP (de plus de 10 employés) ont exploité le Big Data en 2016 selon un rapport de l’INSEE. 

Mais pourquoi un chiffre si faible ? 

Tout simplement, car le Big Data pose encore de nombreuses questions. Que ce soit en termes de sécurité (jusqu’où peut aller la récupération des données personnelles de l’utilisateur final ? Comment sont gérées ses données ?) ou de propriété (Comment sont partagés les droits de propriété entre les acteurs ? Comment se rémunérer ensuite sur les droits d’usage ?). 

Ce sujet du Big Data est donc encore très peu exploité à grande échelle, même lorsqu’il est exploitable. Pourtant, les avancées technologiques auxquelles nous assistons, nous permettent d’envisager à ce jour, l’exploitation d’un grand nombre de données grâce à l’intelligence artificielle en grande partie. Ces innovations potentiellement révolutionnaires pourraient donc dans le futur avoir un impact sur l’ensemble de la chaîne de valeurs du bâtiment et ainsi augmenter la productivité dans l’ensemble du secteur !