Le terme freelance est un anglicisme qui est entré dans notre langue et notre culture. Pourtant, ce n’est pas un statut juridique officiel. Par définition, le terme freelance désigne simplement un professionnel indépendant qui n’a pas de contrat de longue durée avec un employeur.
Juridiquement, on parlera plutôt d’auto-entrepreneur ou micro-entrepreneur, plus exactement. Comme dans le secteur du digital, le freelancing se développe de plus en plus dans celui du BTP, mais ce développement est surtout lié au nombre de statuts possibles que l’on peut considérer comme du freelancing selon la définition ci-dessus.
Les origines du freelancing dans le BTP
La digitalisation de notre société a considérablement impacté notre relation au travail et à l’emploi. Depuis les années 90, différentes définitions et regards ont été posés sur le rôle et le statut de l’entrepreneur.
En 2016 par exemple, Grégoire Leclercq et Denis Jacquet parlaient plutôt d’un « disrupteur » car pour eux, un entrepreneur était une personne qui bouleverse le marché en proposant un nouveau service au client.
L’entrepreneuriat devient alors antonyme au salariat. Par définition, l’entrepreneur est donc une personne qui agit de façon indépendante puisqu’il n’est pas placé sous la subordination juridique d’une autre personne. Il est ainsi libre d’organiser son rythme de travail, de choisir ses clients, ses fournisseurs et ses sous-traitants, de fixer ses prix, etc. et surtout il est plutôt contacté pour réaliser des prestations de courtes durées.
Depuis 2009, Le régime de l’« auto-entrepreneur » s’applique aux personnes physiques qui créent ou possèdent une entreprise individuelle pour exercer une activité commerciale, artisanale ou libérale. Aujourd’hui, on utilisera plutôt l’expression “micro-entrepreneur”. Ce régime ayant été pensé pour faciliter la création d’entreprises.
Comme dans les autres secteurs, le nombre de micro-entrepreneurs est en hausse dans celui du BTP.
Pourquoi le taux de freelance dans le BTP est-il en hausse ?
La crise de la Covid-19 a beaucoup impacté le secteur du BTP. Depuis, les entreprises sont face à une pénurie de main d’œuvre et à une remise en question de la masse salariale. Cette pénurie étant liée à différents facteurs comme :
- Des problèmes d’image du secteur,
- Des confinements qui ont ralentis l’activité,
- L’augmentation du coût des matériaux,
- Etc.
Malgré les embûches rencontrées par les professionnels du bâtiment, le secteur BTP est en pleine reprise : la demande des clients est là et Briks peut vous le garantir, il y a du travail et des postes à pourvoir.
Le secteur est donc en pleine mutation et pour certaines entreprises, faire appel à des freelances devient une des solutions possibles pour s’adapter à ce nouveau marché. Ce qui explique dans un premier temps, l’augmentation du nombre d’auto-entrepreneurs dans ce secteur.
Dans un second temps, les limites posées par le contrat de CDI de chantier (CDIC), ont favorisé l’essor du statut de freelance dans le BTP. Le CDIC étant un contrat à durée indéterminée spécifique pour la réalisation d’un chantier ou d’un ouvrage dont la durée totale est inconnue et/ou variable.
Ce contrat propose de nombreux avantages comme une plus grande flexibilité dans la durée du chantier (peu importe s’il se termine plus tôt ou qu’il prenne du retard), il permet également de varier les missions sur lesquelles vous êtes amenés à travailler avec des avantages comparables à ceux d’un CDI (indemnité, congés payés, préavis, …)
Cependant, ce contrat n’a pas que des avantages pour le salarié. Pour commencer, comme vous ne savez pas combien de temps vous allez travailler vous ne savez pas combien vous allez être payé à la fin du chantier. D’autre part, le CDIC est un contrat précaire puisqu’il risque, à terme, de remplacer le CDI.
C’est pourquoi, pour conserver ces avantages sans les inconvénients, de nombreux salariés du BTP font de plus en plus le choix du freelancing.
Quelles sont les compétences à avoir pour être freelance ?
Pour commencer, tout le monde peut devenir freelance, avec de la motivation et de l’organisation tout est possible. Mais ce statut n’est pas fait pour tout le monde, c’est pourquoi nous proposons une liste non exhaustive des compétences qui pourront vous être utiles si vous faites le choix de ce statut (en dehors des compétences purement techniques) :
- Un sens de l’organisation à tout épreuve : c’est l’un des facteurs majeurs de votre réussite. Le freelancing est un statut très exigeant qui demande de jongler quotidiennement entre votre planning de missions et vos tâches de la vie courante.
- Savoir créer et entretenir des relations : En freelance, vous allez passer une bonne partie de votre temps à faire de la prospection et cette tâche peut être difficile et chronophage. C’est pourquoi, si vous créez de bonnes relations avec vos fournisseurs, vos clients, etc, il sera plus facile ensuite pour vous de trouver des missions. Beaucoup de votre communication passera par le bouche-à-oreille, qu’elle soit bonne ou mauvaise.
- Être polyvalent : En dehors de la gestion de votre entreprise, de la comptabilité, etc. Certaines missions vous demanderont d’être parfois multi-casquettes.
- Faire preuve de curiosité : L’un des piliers du freelancing est la créativité et pour pouvoir rester compétitif, il est nécessaire d’effectuer une veille constante du marché et des pratiques.
- Ne pas avoir peur de prendre des risques : Aucune journée ne se ressemble, aucunes missions ne se ressemblent. Autrement dit, un freelance ne sait jamais de quoi demain sera fait et doit être un peu aventurier pour se lancer, car ce statut est un ascenseur émotionnel permanent.
“Après mes débuts en freelance, ça a aussi été une période très chargée personnellement parce que je suis tombée enceinte et j’ai commencé à réfléchir à ce que je pouvais faire. Et je me suis dit que c’était une année un peu particulière (2020) où j’ai envie d’essayer de nouvelles choses donc j’ai arrêté de travailler dans l’entreprise dans laquelle j’étais en full-time. Et en fait j’ai fait une année géniale alors que j’étais enceinte et en congé maternité.”
Charlotte Catan, Architecte d’intérieur chez el&c studio.
Les différents statuts des freelances dans le bâtiment
En termes de statuts juridiques, le micro-entrepreneur exerce son activité sous le statut de l’entreprise individuelle (EI) ou de l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL).
Disclaimer : La micro-entreprise n’est pas un statut juridique, c’est un régime fiscal.
Les artisans “classiques” quant à eux, peuvent exercer leur activité sous différents statuts comme l’EI, l’EURL, ou la SARL (Société à responsabilité limitée).
D’après un rapport de l’ACOSS en 2019, sur 412 000 entrepreneurs indépendants, presque la moitié d’entre eux avaient fait le choix de la micro-entreprise.
Les avantages et les inconvénients du statut de freelance
Comme dans tout, le freelancing a des avantages et des inconvénients. Si vous voulez vous lancer dans cette aventure, Briks vous propose de passer en revue les éléments de ce statut pour vous permettre de peser le pour et le contre avant de vous lancer dans la grande aventure !
Les inconvénients
- Vous pouvez parfois vous sentir seul(e),
- Vous avez beaucoup de choses à gérer en même temps,
“Pour les avantages et les inconvénients, je dirais que c’est compliqué de tout gérer seule, car c’est toute une logistique et on est sur tous les fronts en même temps. Mais il y a un côté très excitant, où on apprend tous les jours dans tous les domaines et on ne s’ennuie pas.”
Charlotte Catan, Architecte d’intérieur chez el&c studio
- Vous pouvez avoir des difficultés à séparer vie professionnelle et vie personnelle,
- Vous pouvez faire face à des difficultés de “décrocher” pour prendre des congés par exemple.
- Vous êtes en charge de tout ce qui concerne votre entreprise même des tâches les plus rébarbatives comme la comptabilité, la gestion administrative, etc.
“Le fait d’être polyvalent, mais qui peut être mis dans les deux cas, car on va toucher à des choses géniales comme des choses que j’aime moins comme la comptabilité ou autre. D’ailleurs, je trouve que c’est important de se faire aider dans certains domaines, car ça permet de gagner du temps et le temps, c’est de l’argent. L’important, c’est de travailler en bonne intelligence et pas se dire qu’on va tout gérer sans dépenser un centime et finalement, se retrouver rapidement sous l’eau. Je trouve que ce n’est pas une bonne façon de travailler et de gérer son temps.”
Charlotte Catan, Architecte d’intérieur chez el&c studio.
- Vous pouvez faire face à des périodes très stressantes ou à un ascenseur émotionnel rapide.
- Vous n’avez pas de cadre de travail, donc vous pouvez vous laisser aller facilement,
- Vous n’avez aucune garantie de chiffre d’affaires.
Les avantages
- Vous choisissez comme vous l’entendez votre organisation de travail et vos horaires,
“Quand on est freelance, c’est du full-time, on ne s’arrête jamais. Parfois, c’est prenant, parfois moins, mais c’est un parti-pris. À côté de ça je peux gérer mon propre planning, malgré le fait que c’est très prenant.”
Charlotte Catan, Architecte d’intérieur chez el&c studio.
- Vous pouvez choisir votre situation géographique,
- Vous êtes votre propre patron,
- Vous choisissez avec qui vous travaillez (clients, fournisseurs, partenaires, etc.)
- Vous travaillez sur une large variété de missions,
- Vous fixez vos tarifs pour vos prestations,
- Vous avez la fierté d’avoir créé votre business,
- Vous êtes libre de choisir votre stratégie de communication,
- Vous pouvez (enfin) rompre avec la monotonie du salariat,
- Etc.
“Dans les avantages, je trouve qu’on gagne mieux sa vie. Mais c’est vrai que je ne vois pas vraiment d’inconvénients. C’est une chance, j’aime bien toutes les phases de la conception, au suivi, etc. C’est vrai que le travail est très intense, mais on se donne à 1 000 %.”
Charlotte Catan, Architecte d’intérieur chez el&c studio.
Parole de freelance
“J’ai vraiment apprécié toutes les expériences que j’ai pu avoir professionnellement. Mais ce qui m’a fait me lancer à mon compte, c’était que j’aimais pouvoir toucher à tout et dans tous les domaines. C’est ce côté très ouvert, sur tout, avec également ce côté agence multi-disciplinaire qui me correspondait.
Au début, je n’avais pas du tout pour ambition d’ouvrir mon agence à 100 %. Je travaillais aussi à ce moment-là en interne chez Givenchy avec mes propres projets. C’était assez intense, parce que chez Givenchy, j’y étais de 9 h à 19 h, voire plus.
Donc je m’étais dit à ce moment-là que j’allais prendre quelques projets à côté pour tenter le coups. J’étais inscrite sur quelques plateformes et du coup j’avais des propositions de projets sans forcément faire le sourcing et la prospection des clients.
Finalement, j’ai eu un premier projet puis un second, etc. Et c’est comme ça que je me suis lancée”.
Charlotte Catan, Architecte d’intérieur chez el&c studio.
Aujourd’hui, de plus en plus de salariés sont en quête de liberté et de flexibilité. C’est pourquoi, le freelancing prendra sûrement de plus en plus de place dans le monde professionnel de demain, y compris dans le secteur du BTP. Mais la vie de freelance n’est pas toujours toute rose. C’est pourquoi avant de se lancer il faut vraiment prendre le temps d’y réfléchir et de peser le pour et le contre pour savoir si ce statut est vraiment fait pour soi